Guadeloupe, été 1949.
Dans l’univers confiné de cette île, la cruelle ironie de l’Histoire a réuni, entre misère et opulence, des gens dont certains se prennent pour des Nègres et d’autres se croient Békés.
Mais le soleil de Basse-Terre vaut celui de Thèbes. Nous découvrons que les passions, les convoitises et les mesquineries de l’homme n’ont pas besoin des Dieux pour tracer, sous les Tropiques, le destin fatal du prétendu Nègre et celui du soi-disant Béké.
J’apprécie les écrits de Henri Micaux. Son dernier ouvrage me touche autant que les autres, toutefois avec un petit plus. Pourquoi ? Je ne sais. Parce qu’il est son premier roman véritable alors que les autres se bâtissaient autour de son vécu ? Pourtant, ne nous y trompons pas, il est attaché solidement aux pas de ses héros, Amédée Boudin Bleu et Gustave et de tous les intervenants du livre qui vivent, et souffrent aussi, entre la vallée du Galion et celle de la Rivière-aux-Herbes. Il connaît ces lieux. Il les a arpentés, fouillés, remués, humés, goûtés… c’est évident. Mais ici il s’efface, il laisse la place à ces ouvriers agricoles qui, riant, plaisantant, s’échauffant, vont gaillardement vers leur destin.
Terrible randonnée dans l’Histoire proche de la Guadeloupe, notre Histoire, tout autant que dans les paysages de la belle île, ceux qui vont de Basse-Terre jusqu’au pied de La Soufrière, passant par Morin et Gallard, dans sa flore, sa lumière, ses odeurs, un parcourt dans tous les “sens” du terme…
Et puis, il y a les mots de Henri. Toujours justes. Toujours à leur place.
Et puis, il y a la phrase… Elle se lit, se goûte, se déguste comme une « … friandise exceptionnelle, à la saveur unique… »…
Henri Micaux raconte, il ne juge pas… Je crois même qu’il aime tous les protagonistes du livre également… même si dans sa vie personnelle…
Pour tout cela, et bien d’autres choses encore, j’apprécie De Nègres et de Békés.
Mais Henri Micaux est homme de théâtre, c’est indéniable, il n’a plus à le prouver, et lorsque nous parlons dans son jardin, sous le palmier, entre ti-punch et verre d’eau fraîche, sans cesse je reviens à mon idée et lui demande de créer une pièce de théâtre de De Nègres et de Békés…
Le bougre résiste bien…
Mais je suis tenace et bien fixé à cette idée…
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Roman, 186 pages disponible chez Mon Petit éditeur
Pour aller plus loin : la chronique de Halleyjc